Le 9 mai 2023, Ensemble pour Anières a déposé une motion intitulée « Pour une végétalisation accrue sur la commune ».
Notre commune connait une mutation urbanistique importante. Le village voit, comme l’ensemble du canton, des chantiers et des nouvelles constructions un peu partout.
De grands travaux d’aménagement de l’espace public sont en cours. Citons notamment : le parking souterrain, la création de nouvelles places, le futur chauffage à distance, la future zone 20 dans le centre du village, les zones 30 dans les hameaux, le terrain de foot, la rénovation de la mairie, l’agrandissement de l’école…
La densification de la zone 5 s’accélère, transformant de plus en plus le paysage rural de la commune. Les villas laissent peu à peu place à des habitats groupés. Cette zone, qui offre une végétalisation importante, est en pleine mutation.
Force est donc de constater que la densification de la commune avance. Il est ainsi nécessaire d’accompagner cette évolution, car tout le monde s’accorde pour dire qu’il est essentiel de conserver le patrimoine végétal et rural d’Anières.
De plus, tous ces changements ne sont pas sans impacter notre qualité de vie.
Les arbres sont une richesse inestimable.
Ils offrent des habitats et des ressources pour la faune. Ils participent à l’atténuation de la chaleur par leur ombrage et leur transpiration, à améliorer la qualité de l’air en capturant le CO2. Ils permettent non seulement d’embellir les zones construites, mais aussi de préserver notre environnement.
Les haies, également, apportent certains bénéfices à l’agriculture : modération du vent, diminution de l’érosion, accueil des prédateurs contrôlant les parasites des cultures, augmentation de la diversité des pollinisateurs.
Pour atteindre l’objectif d’accroître la végétalisation de la commune, tout le monde doit être impliqué : secteurs publics et acteurs privés.
La commune œuvre déjà dans ce sens, mais elle peut aller plus loin. Elle se doit de montrer l’exemple. Toutes les parcelles, tous les travaux doivent être examinés sous cette perspective. Qu’il s’agisse de planter un arbre en bordure de route, de végétaliser des édicules de parking, des toits, des façades, des abris bus, ajouter une glycine sur un bâtiment, donner au futur préau de l’école la possibilité d’être un poumon vert au centre du village, planter une haie aux abords du futur terrain de foot… Toutes les opportunités méritent d’être étudiées. Là où un arbre ne peut être planté, d’autres alternatives peuvent exister, plus modestes mais non sans importance pour la biodiversité. N’oublions pas non plus d’impliquer activement les employés communaux du services parcs & voirie. Leur collaboration sur ce thème est d’autant plus précieuse qu’ils oeuvrent sur le terrain.
Deuxièmement, en parallèle des initiatives de la commune, cette motion propose d’accompagner les propriétaires dans la même démarche. Les jardins privés couvrent une grande partie de la commune et sans les impliquer, l’objectif de préserver et d’améliorer la végétalisation d’Anières ne sera pas atteint.
D’une part, des aides financières pourraient être envisagées pour les plantations qui vont au delà des mesures compensatoires légales ou pour des changements d’espèces exotiques au profit d’essences locales, plus favorables à la biodiversité.
D’autre part, la commune pourrait également accorder des subventions pour aider au remplacement des haies de laurelles et de thuyas. En effet, le laurelle est une espèce invasive qui se répand dans nos forêts. Elle supplante la végétation naturelle et elle est toxique pour l’homme et certains animaux. Le thuya, quant à lui, est surtout remis en question pour son manque d’intérêt pour la biodiversité. Il n’offre pas de nourriture ou d’abri pour les animaux. Ses haies représentent même des obstacles au déplacement de la faune.
Or, ces deux espèces sont malheureusement très prisées, car elles permettent de s’isoler de ses voisins par un mur de feuillage persistant. Le coût d’arrachage peut vite être élevé et dissuader les propriétaires d’en changer en faveur d’une haie vive.
Outre cela, ces incitations ne doivent pas se décliner seulement en un soutien financier. Il est également motivant de se sentir accompagné par les conseils d’un professionnel et important d’être bien orienté pour la mise en place d’un projet.
Troisièmement, Anières étant une commune agricole et viticole, il est primordial de travailler de concert avec les agriculteurs et les viticulteurs, acteurs importants de la préservation de la biodiversité. De nombreux grands arbres se situent en bordure de leurs champs. Certains sont déclinants et si garder les vielles souches permet de sauvegarder des habitats, les remplacer est également nécessaire. Afin de tenir compte de leur besoin technique et du rendement de leur culture, la commune doit poursuivre un dialogue en vue de solutions satisfaisantes pour tous.
Notons que cette motion s’inscrit dans un contexte global où un grand nombre de collectivités avance dans cette direction. En ville de Genève, pour un arbre abattu trois sont replantés. Le taux de canopée du canton était de 22% en 2022. L’objectif serait d’atteindre 23% en 2030, 25% en 2050 et 30% en 2070. Cet objectif représente la plantation de 150 000 arbres.
Selon le rapport “Les arbres” : « Pour atteindre un taux de 25%, la couverture arborée devra être augmentée de 9.6 km2. Cette surface additionnelle peut être obtenue par la croissance des arbres existants et par de nouvelles plantations. Par exemple, l’objectif de 25% peut être atteint d’ici 2050 si l’ensemble du patrimoine arboré est entretenu de manière à augmenter la surface moyenne de chaque arbre de 5% (+2.5 km2 au niveau cantonal) sur 15 ans, et si chaque commune (n = 45) plante annuellement sur les 15 prochaines années 80 nouveaux arbres (futures couronnes de 8m, minimum, en 30 ans) et 20 autres très grands arbres (futures couronnes de 21m, minimum, en 30 ans) (+ 7.4 km2 au niveau cantonale). On suppose une mortalité annuelle des arbres de 0.75% et que celle-ci est remplacée par des nouvelles plantations. »
La carte (https://nos-arbres-ge-21.shinyapps.io/application/) qui indique la priorisation des espaces de plantation de cette même étude montre que certaines zones de notre commune sont mal loties. Il est temps d’agir.
Citons encore quelques exemples :
A Meyrin, le Conseil Administratif a approuvé le 8 février 2022 un catalogue de subventions pour l’énergie, le climat et la biodiversité, dont des soutiens pour les toitures végétalisées, la plantation d’arbre et de haies indigènes.
A Nyon, le conseil communal prévoit un budget de 750’000 francs en faveur de la biodiversité sur l’ensemble de la ville grâce au remplacement d’un hectare de laurelles et thuyas.
Au cycle d’orientation de Sécheron, un projet de requalification du préau a été entrepris depuis 2019 pour réduire « les effets d’îlot de chaleur » et « améliorer parallèlement la qualité de vie et le vivre ensemble des différents groupes d’usagers du préau, également en dehors des temps scolaires. » (https://www.ge.ch/cool-city/projets-pilotes)
Par le fonds cantonal de compensation pour les arbres (RCVA art 18 al 5) La Ville de Lancy et la commune de Chêne-Bougeries, proposent un soutien financier à leurs administrés pour la plantation ou la replantation d’arbres sur fonds privés.
Les collectivités territoriales et l’Etat de Genève peuvent signer une convention déléguant à une commune la gestion du fonds de compensation.
La commune d’Anières doit non seulement proposer cette aide cantonale à ses communiers mais la compléter par une contribution municipale.
En conclusion, cette motion propose d’ajouter une ligne budgétaire dédiée à un bouquet de subventions (arrachage des laurelles et des thuyas, plantations nouvelles) ainsi que pour une végétalisation accrue des espaces publics grâce à un inventaire des lieux propices.
Elle souhaite également qu’une personne de référence soit identifiée afin de guider les villageois à travers les différentes démarches qu’ils entreprendront dans ce sens.
Le site internet de la commune pourra également servir de référence grâce à une page spécifique répertoriant des liens et des fiches de conseils, simplifiant ainsi la recherche d’informations pour les non-initiés.
Finalement, elle demande de continuer la collaboration avec nos agriculteurs et viticulteurs pour remplacer les vieux arbres, voire entreprendre avec eux de nouvelles plantations.
Anières doit ainsi profiter des changements qu’elle vit pour ne pas manquer la transition écologique et rester une commune où il fait bon vivre.
Plantons des arbres, verdissons le village pour accompagner l’urbanisation grandissante de la commune et atténuer des îlots de chaleur. Renforçons les synergies entre tous les acteurs de la commune.
Références et bibliographie :
https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/documentation/rapports/rapport-environnement.html
https://ge21.ch/application/files/1615/3692/8379/Rapport_final_SPM_20180910_HD.pdf
https://www.rts.ch/info/suisse/12967063-les-arbres-en-ville-sontils-un-privilege-de-riches.html
https://nos-arbres-ge-21.shinyapps.io/application/
https://www.unige.ch/lejournal/numeros/journal149/article-point-fort/
https://www.nyon.ch/media/document/0/2022-53-preavis-strategie-biodiversite-opt.pdf
https://nyon.allinone.io/media/document/0/haiesvives-guide-amnements-biodiversit-tem-nyon-2018.pdf
https://www.meyrin.ch/fr/fonds_energie_climat_biodiversite
https://veyrier.ch/informations-pratiques-pour-les-proprietaires/
https://www.toxinfo.ch/les-baies-du-laurier-cerise-sont-elles-toxiques
https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/biodiversitaet/fachinfo-daten/empfehlungen_fuer_musterbestimmungen.pdf.download.pdf/BAFU-Musterbestimmungen_BD_F.pdf
https://ge.ch/sitg/data/climat
https://www.tdg.ch/lancy-et-le-canton-subventionnent-les-plantations-darbres-chez-les-prives-737338423130